Helen Kendall

Infirmière militaire

1892-1982

Photographie sépia à cadre ovale de Helen Mary Kendall dans un uniforme d’infirmière. Elle a environ 27 ans et porte une coiffe d’infirmière blanche et une robe de coton avec des boutons en laiton. Son regard est tourné vers sa gauche.

Née à Sydney en 1892, Helen était la fille de Dr Henry Ernest et de Ida (Burchell) Kendall. Elle a passé sa jeunesse au Cap-Breton, mais elle est déménagée à Montréal pour étudier les techniques infirmières en chirurgie au prestigieux hôpital Royal Victoria.

Après avoir obtenu son diplôme en décembre 1916, Helen s’est enrôlée au sein du Corps de santé de l’Armée canadienne à Halifax puis se rendit en Angleterre où elle a commencé sa carrière d’infirmière militaire et d’anesthésiste au début de 1917.

UNE VIE EN PHOTOGRAPHIES

Découvrez la galerie de photos ci-dessous pour en apprendre davantage au sujet de la vie et du service militaire de Helen.

UN APPEL À SOIGNER
Photographie en noir et blanc de cinq infirmières militaires en uniforme, debout à l’extérieur devant un mur.

Le personnel infirmier de l’hôpital du Corps forestier canadien à Lajoux, dans le Jura en France, 1918.

Quand nous pensons à la Première Guerre mondiale, nous imaginons souvent les milliers d’hommes qui ont servi dans les forces armées. Une des composantes les plus importantes de l’armée était son service médical constitué de médecins (tous des hommes), mais aussi d’infirmières (les infirmières militaires). Ces infirmières militaires ont été d’un apport important à l’effort de guerre, mais leurs expériences restent souvent dans l’ombre de l’expérience vécue par les hommes.

Au moment de la déclaration de la guerre au mois d’août 1914, le Corps infirmier militaire canadien ne comptait que cinq infirmières, y compris leur infirmière en chef, Margaret Macdonald de Bailey’s Brook dans le comté de Pictou. Au mois d’octobre, ce nombre avait augmenté, et le premier groupe de 105 infirmières militaires s’est rendu outremer pour servir dans le Corps expéditionnaire canadien.

De nombreuses autres ont suivi, et, à la fin de la guerre, 2 504 infirmières militaires avaient servi outremer, dont environ 200 de la Nouvelle-Écosse. D’autres femmes ont travaillé dans les hôpitaux militaires sur le front intérieur, et plusieurs se sont jointes au Queen Alexandra’s Imperial Military Nursing Service, le corps infirmier de l’armée britannique. Des douzaines d’infirmières militaires canadiennes provenaient de collectivités de l’ensemble de l’île du Cap-Breton, dont Helen Mary Kendall de Sydney.

UN VIE AU CŒUR DE LA GUERRE
Sur la photographie en noir et blanc, on voit des membres du personnel dans la salle d’opération d’un hôpital militaire en Angleterre. On voit plusieurs lits de patients vides et des pièces de matériel chirurgical. On y voit également plusieurs hommes et femmes qui portent des vêtements hospitaliers. Helen Kendall se trouve à l’extrême gauche. Elle est assise à la tête du lit d’un patient en train de se préparer à administrer un anesthésique.

L’anesthésiste Helen Kendall (à l’extrême gauche) dans une salle d’opération à l’Hôpital militaire de l’Ontario (Hôpital militaire canadien no 16) à Orpington en Angleterre, 1917.

Helen a servi à un hôpital à Orpington en Angleterre jusqu’en septembre 1917, alors qu’elle est affectée à l’Hôpital général canadien no 2 à Le Tréport sur le littoral français, près de Boulogne. Elle a servi dans plusieurs autres hôpitaux en France à différents endroits, y compris à l’hôpital du Corps forestier canadien à Lajoux, où les hommes de la 2e Bataillon de construction (aussi appelé le bataillon noir du Canada) étaient déployés.

En mai 1918, Helen est affectée à l’Hôpital général canadien no 7 à Étaples, où elle se trouvait lorsque l’hôpital fut attaqué par les bombardiers allemands le 31 mai. On lui a décerné l’Ordre royale de la Croix-Rouge (2e classe) pour son « exceptionnel geste de bravoure et de dévouement à son poste » pendant le bombardement aérien. Comme de nombreuses autres de ses collègues parmi les infirmières militaires, elle a contracté la grippe espagnole en 1918, mais elle s’est promptement rétablie et a terminé son service militaire en Angleterre en 1919.

LES FEMMES ET LA GUERRE
L’image est une esquisse à l’aquarelle et au crayon où on voit un soldat souffrant d’une blessure aux yeux. Il s’agit d’une esquisse créée par Katharine McLennan en 1917 à l’Hôpital d’évacuation no 18 à Vasseny, en France, où elle a servi en tant qu’aide-infirmière pendant la Première Guerre mondiale.

Blessé des yeux, 1917. Katharine McLennan. Bibliothèque régionale du Cap-Breton.

Au début du vingtième siècle, les femmes n’avaient pas autant d’occasions de travailler que les hommes. Cela était particulièrement vrai dans la profession médicale qui comptait surtout des hommes et où on résistait fortement à l’idée que des femmes soient des médecins. Une profession qui était ouverte aux femmes, toutefois, était celle d’infirmière, et de nombreuses femmes ont saisi l’occasion pour se joindre au secteur médical.

Pendant la guerre, le Corps de santé de l’Armée canadienne avait besoin de femmes issues de programmes de sciences infirmières professionnels pour servir dans les hôpitaux militaires, tant au pays qu’outremer. On appelait ces femmes les infirmières militaires, et 2 504 canadiennes ont servi dans ce rôle. D’autres femmes qui n’avaient pas de formation professionnelle se sont portées volontaires en tant qu’infirmières auxiliaires auprès de divers organismes, notamment le Détachement des auxiliaires volontaires et la Croix-Rouge. On ne permettait pas aux femmes qui n’avaient pas la formation adéquate de se joindre au Corps de santé de l’Armée canadienne.

LES SŒURS DE LA MISÉRICORDE
L’image est une photographie aérienne en noir et blanc d’un hôpital militaire en France. Il a y un grand nombre de tentes blanches et autres bâtiments et plusieurs routes de service.

Vue d’ensemble de l’Hôpital général canadien no 2 à Le Tréport, en France, env. 1916-1917. Photographe : Éditions Arnault. Crédit : Bibliothèque et Archives Canada / Alice Isaacson/e007150651.

Le Corps de santé de l’Armée canadienne appliquait de rigoureux critères en matière de race, de religion et d’éducation pour sélectionner des infirmières militaires. La plupart de ces femmes étaient des sujets britanniques, presqu’exclusivement blanches, célibataires, âgées de 21 à 38 ans et détenant un diplôme d’un programme de formation reconnu. Elles travaillaient pendant de longues heures, souvent dans des situations difficiles, à soigner des soldats ayant des blessures allant de légères à horribles.

Le travail était également dangereux, et de nombreuses infirmières militaires canadiennes sont décédées pendant la guerre ou peu après : 61 au total, dont huit qui provenaient de la Nouvelle-Écosse. Celles qui sont mortes ont été victimes de bombardements aériens sur des hôpitaux militaires, de noyade (par suite de l’attaque du navire-hôpital canadien Llandovery Castle par un sous-marin allemand en 1918) ou de maladie. Deux infirmières militaires du Cap-Breton – Margaret MacLeod de Donkin et Rebecca McIntosh de Pleasant Bay – sont décédées dans l’épidémie de grippe espagnole en 1919.

LE CONTINGENT DU CAP-BRETON
Photographie sépia d’un soldat et d’une infirmière militaire de la Première Guerre mondiale en uniforme.

L’infirmière militaire Mary Belle MacNeill, env. 1918.

Tout comme Helen, plusieurs femmes du Cap-Breton ont servi outremer pendant la guerre, puis ont poursuivi leur carrière en soins infirmiers (et autres professions) dans les années qui ont suivi. Garfield MacKay (1887-1963) de Baddeck a voyagé avec Helen pour une mission en soins infirmiers en Roumanie en 1920. Elle a aussi travaillé avec la célèbre physicienne Marie Curie en France, en soins infirmiers de santé publique à New York et comme bibliothécaire à Baddeck. Minerva Blanche Anderson (1889-1991) de Big Baddeck, également diplômée de l’hôpital Royal Victoria de Montréal, a servi en Angleterre et en France, pour devenir plus tard la directrice des services infirmiers de l’hôpital Sydney City.

De nombreuses autres femmes de l’île ont servi en tant qu’infirmières militaires, dont Monica Connell de New Victoria, Frances Dodd de Bridgeport, Lillian Fife de Big Bras D’Or, Christina MacKenzie de Lower Middle River, Annie MacDonald de Sydney Mines, Hilda MacDonald de Glendyer, Sadie Ethel MacLean de Glace Bay, Katherine Maubourquette de L’Ardoise, Mary MacNeil de Port Hood et Euphemia McKinnon de Whycocomagh, pour n’en nommer que quelques-unes.

AIDE SUR LE FRONT INTÉRIEUR
Photographie sépia de quatre femmes travaillant sur un canot de sauvetage dans un grand entrepôt. En toile de fond, on voit deux femmes en train d’inspecter une embarcation suspendue au plafond. Les femmes portent des chemises de travail, des salopettes avec des coiffes en laine assorties.

Le chantier naval Bell et les laboratoires Alexander Graham Bell, Beinn Bhreagh, 1917-1918. Photographie de Charles Martin, National Geographic Society. Les femmes ont travaillé au chantier naval de Beinn Bhreagh pendant la guerre pour fabriquer des canots de sauvetage pour la marine.

Au Cap-Breton et dans l’ensemble du Canada, les femmes ont été d’un apport important aux efforts de guerre. Sortant un peu de leur travail à domicile, elles ont organisé diverses initiatives communautaires, y compris des encans, des fouleries, des clubs de tricot, et plus encore. Les sections locales du Conseil national des femmes et de la Société de la Croix-Rouge de la Nouvelle-Écosse ont activement recueilli des fonds et coordonné la production et la cueillette de fournitures médicales.

Les femmes ont préparé des colis réconfort contenant entre autres des articles comme des bas et des foulards pour les soldats ou des aliments pour les prisonniers de guerre. Ce travail a fourni une aide financière et matérielle fort nécessaire pour le conflit en Europe et fortifié le moral des personnes au cœur du combat.

LE DÉVOUEMENT D’UNE VIE
Photographie en noir et blanc d’un soldat et de trois infirmières militaires en uniforme assises à l’extérieur sur un mur de pierre en France.

Le colonel Garnet Strong, commandant du Corps forestier canadien, en compagnie d’infirmières militaires à Lajoux, au Jura en France, 1918. Helen Kendall est la troisième de la gauche.

Revenue au Canada au mois d’octobre 1919, Hélène est démobilisée le mois suivant. Elle passe le reste de sa vie professionnelle à travailler à l’hôpital Royal Victoria à Montréal. Sa carrière d’infirmière lui a offert de nombreuses occasions intéressantes, y compris de participer à un mission de soins infirmiers en Roumanie dirigée par Dorothy Cotton en 1920, et de travailler sous la direction du neurologue Dr Wilder Penfield à l’Institut neurologique de Montréal et à l’Hôpital neurologique no 1 en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale.

Helen a aussi servi en tant qu’infirmière-en-chef du poste d’évacuation sanitaire no 4 du Corps de santé de l’Armée canadienne en Angleterre. Elle est revenue au pays en 1942 pour reprendre son travail à l’hôpital Royal Victoria jusqu’à sa retraite. Elle est décédée au Cap-Breton en 1982 à l’âge de 90 ans.

UNE VIE, ILLUSTRÉE

Découvrez la vie de Helen grâce à des illustrations de sa vie et de son travail.

Helen Kendall est l’une des six jeunes femmes étudiantes infirmières assises en classe à prendre des notes en écoutant une conférence d’un instructeur. Toutes les femmes portent des uniformes d’infirmières. Par les fenêtres de la classe, on voit un paysage urbain de ville enneigée.
Trois étudiantes en soins infirmiers, y compris Helen, aident les trois chirurgiens, tandis que leur instructrice en nursing supervise leur travail. Leur travail se déroule dans le bloc opératoire de l’hôpital Royal Victoria de Montréal. Il y a treize hommes assis dans une galerie d’observation au-dessus pour prendre des notes.
On voit Helen Kendall dans son uniforme d’infirmière avec sa toge de diplômée.  Elle traverse la scène et accepte son diplôme d’un homme qui porte une toge universitaire pendant qu’une instructrice en soins infirmiers observe la scène.
Helen Kendall arrive à Orpington en Angleterre. Helen porte son uniforme d’infirmière avec un manteau et transporte un sac de sport en bandoulière. Elle dirige un groupe de collègues infirmières dans la rue qui est pleine de gravats et bordée de soldats.
On voit dans une salle d’hôpital occupée trois soldats avec différents bandages, chacun avec une infirmière qui voit à ses besoins. Helen Kendall est au premier plan à aider un soldat à boire. De grandes fenêtres donnent sur un paysage urbain.
Alors qu’elle était stationnée à Saint-Omer et plus tard à Étaples, Helen Kendall a subi des bombardements qui faisaient tout trembler.  Deux infirmières entourées de décombres et de feu ont l’air en détresse. Helen est au premier plan à aider une autre infirmière blessée dans les débris, pendant qu’une troisième infirmière en arrière-plan scrute les décombres.
Helen Kendall est dans son uniforme d’infirmière assise sur le siège du passager avant d’un camion militaire. Le chauffeur est un jeune soldat qui a l’air fatigué, alors que d’autres soldats en uniforme portant des sacs à dos marchent à côté du véhicule. On voit la silhouette de nombreux soldats qui marchent au loin.
Trois infirmières en uniforme travaillent dans un laboratoire. Helen est au centre en train de remplir un flacon pendant qu’une autre infirmière prend des notes. La troisième infirmière s’éloigne en emportant un bac de flacons. On voit par de grandes fenêtres un paysage urbain avec la tour Eiffel au loin.
Une Helen Kendall plus âgée à l’avant-plan porte des vêtements de randonnée de couleur vive avec un sac à dos en tenant un bâton de marche. Elle est debout sur une colline qui surplombe une vue d’un littoral montagneux parsemé de maisons avec trois bateaux qui flottent sur l’eau.

«J’étais anesthésiste. Mon travail, c’est d’endormir les gens.»

La famille de Helen a joué un rôle crucial dans sa décision de se porter volontaire pour servir dans la guerre. Son père, Dr Henry Ernest Kendall, et son oncle, Dr Arthur Samuel Kendall, étaient deux médecins bien connus et respectés qui ont présenté la profession médicale à Helen dès son jeune âge.

Son père était allé en Angleterre et en France avec l’Hôpital militaire canadien no 9 parrainé par l’Université St. Francis Xavier, et il avait été nommé commandant d’unité en janvier 1917.

Son frère, Ernest James (Jim) Kendall, qui avait émigré en Australie, a servi dans l’armée australienne.

La grande amie de Helen, Katharine McLennan, s’est portée volontaire comme aide-infirmière en France en 1916, et le frère de Katharine, Hugh, a été l’une des premières victimes de la guerre en provenance du Cap-Breton, tué au combat à Ypres en Belgique en 1915.

Écoutez Helen Kendall décrire son expérience pendant la guerre, dans une entrevue avec Ronald Caplan pour Cape Breton's Magazine, c. 1980.

Écoutez Helen Kendall | Lire la transcription Helen Kendall

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HK: Helen Kendall

I: Intervieweur

HK: J’espère que ça vaudra la peine d’être écouté. J’avance en âge. J’ai 88 ans, vous savez!

I: Vous êtes née et vous avez grandi ici au Cap-Breton.

HK: À Sydney, absolument. Je suis une Sydney-oise, une Cap-Bretonnaise, et j’ai passé toute ma jeunesse un peu partout au Cap-Breton.

I: J’aimerais savoir – qu’est-ce qui vous a fait décider de suivre une formation pour devenir infirmière? Pourquoi avez-vous pris cette décision?

HK: Oh, je voulais — je voulais gagner un peu d’argent et être autonome.

I: Mais, vous souvenez-vous pourquoi vous avez décidé d’aller outremer?

HK: Oh, bien, il y avait vraiment beaucoup de choses – dans toutes les collectivités ici, nous étions proches de la guerre, et tous nos hommes y sont allés… nous allions tout simplement là où nos hommes étaient. Nous voulions aller outremer pour les voir, et pour les aider. J’étais anesthésiste. Mon travail, c’est d’endormir les gens. Parce que j’avais obtenu une formation à Montréal. J’étais rattachée à l’hôpital Royal Victoria, et j’ai obtenu ma formation à cet endroit. Puis, j’étais très utile parce que, quand on allait outremer, il n’y avait pas de médecins pour administrer les anesthésiques. Les médecins étaient trop occupés à les soigner et à effectuer des interventions chirurgicales, et ils étaient très heureux d’avoir à proximité des gens pour administrer des anesthésiques. Et nous étions bien formées. Et nous étions précieuses.

I: Vous avez obtenu votre diplôme en 1916 – je vois que vous étiez de la promotion de 1916...

HK: En effet.

I: Vous avez donc dû traverser l’océan immédiatement après avoir obtenu votre diplôme, car vous êtes en France en 1917 selon ce que je vois ici.

HK: Oh, certes. Nous étions dans tout ça. Nous avons rapidement pris la mer. Nous observions ce qui se passait en Angleterre. Les Canadiens et les Britanniques ont construit des hôpitaux en France, puis nous y sommes allées pour y travailler. Les gens qui faisaient alors la guerre étaient emmenés directement à notre hôpital, et nous nous occupions d’eux. Mais c’était très compliqué de leur administrer des anesthésiques. Ils pouvaient se débattre comme des voleurs! Ils étaient forts et ils n’allaient pas se laisser soumettre. Nous avions habituellement deux ou trois préposés qui retenaient nos patients pendant que nous tentions de leur administrer des anesthésiques pour les endormir.

I: Je crois que le travail que vous avez fait durant la guerre est très excitant...

HK: Ah bien oui, évidemment, ce l’était. Et nous avons été chanceuses, très chanceuses de vivre cette expérience.

«NOUS AVONS FAILLI NE PAS NOUS RENDRE.»

Le 7 mars 1917, Helen et un contingent de 50 autres infirmières militaires envoyées en renfort partent de Halifax (Nouvelle-Écosse) pour Liverpool en Angleterre à bord du S.S. Essequibo, un navire du Pacifique canadien qui a servi de navire-hôpital pendant la guerre.

Le 15 mars, vers 14 h 30, le Essequibo est intercepté à 100 milles nautiques à l’ouest de l’Irlande par un U-54, un sous-marin allemand qui fait surface et ordonne au navire de s’arrêter pour une inspection. Quand le capitaine est satisfait que le navire ne transporte pas de troupes ou de munitions et qu’il s’agit d’un navire-hôpital légitime, il lui permet de poursuivre sa route, au grand soulagement et à l’étonnement des Canadiens. Le navire arrive à destination le lendemain.

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Bien, nous avons failli ne pas nous rendre – je n’ai jamais été si proche de quitter ce bas monde, et beaucoup plus proche que je ne m’y attendais ou espère y être à nouveau. L’affaire est parfaitement infâme. C’est arrivé jeudi. Jusqu’à ce moment-là, nous avions eu un bon voyage – jeux de société sur la table – quelques personnes avec un gros mal de mer, mais la plupart d’entre nous plutôt en forme.

Le jour même où nous avons atteint la zone de guerre, c’était parfaitement calme, mais voilà que surgit un sous-marin allemand. Je dormais, mais le ralentissement des moteurs m’a réveillée. Il était environ 14 h 30, en plein après-midi. Juste après que je me sois réveillée, Mlle Cairns s’est précipitée dans ma cabine pour me dire « lève-toi tout de suite », ce que je fis sur le champ. J’ai enfilé tout ce que je pouvais pour rester au chaud, et j’ai mis dans ma valise en cuir quelques articles à emporter avec moi jusqu’au fonds de la mer : du savon, une brosse à dents, de la poudre, des chaussettes de nuit et autres articles essentiels. C’était la plus étrange des sensations d’être là à regarder désespérément autour de soi en réalisant qu’il ne servait à rien de toucher quoi que ce soit. Je suis donc remontée sans même lacer mes bottes pour arriver juste à temps pour voir un bon tir tomber à environ 200 verges d’un des côtés. Après 3 signaux, nous nous sommes arrêtés en zigzaguant, puis ils se sont approchés et sont restés à distance d’un long tir. Ils sont restés aux alentours pour ce qui a semblé des siècles, puis ils ont demandé qu’on leur envoie une embarcation.

Notre capitaine en second a ramé jusqu’à eux et a répondu à de nombreuses questions. Avait-il des soldats à bord? Des civils? Avions-nous envoyé une demande de secours sans fil? Avions-nous vu un navire nommé Palasco? Ayant obtenu un « non » à chaque question, ils ont dit que nous pouvions partir. Nous étions assez près pour entendre le son de leurs voix, et, pendant que les officiers ramaient pour revenir, le suspense de l’attente de notre verdict était abominable.

Le capitaine de notre bateau, tout comme chacun des officiers, ont indiqué qu’ils n’avaient pas cru une seule seconde qu’ils nous laisseraient partir. Ils croyaient que le capitaine et le premier mécanicien seraient pris en otage et que le reste d’entre nous serions embarqués dans les bateaux, et le navire coulé, à moins qu’ils ne nous coulent tous d’un coup étant donné que nous étions tous à bord. Je crois que c’est ce à quoi la plupart des gens s’attendaient à chaque seconde.

Puis, ils ont fait des cercles autour de nous à quelques reprises, et nous avons cru qu’ils changeaient d’idée, mais, enfin, après un suspense d’une heure, ils nous ont quittés. C’est une expérience qui nous a certainement portés à réfléchir. Puis, nous avons navigué pendant une journée et demie, mais toujours en sécurité.

J’ai oublié de signaler qu’il y avait un autre sous-marin qui est apparu pendant une courte période de l’autre côté de notre navire pendant que nous étions retenus, mais il ne nous a pas dérangés.

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