HK: Helen Kendall
I: Intervieweur
HK: J’espère que ça vaudra la peine d’être écouté. J’avance en âge. J’ai 88 ans, vous savez!
I: Vous êtes née et vous avez grandi ici au Cap-Breton.
HK: À Sydney, absolument. Je suis une Sydney-oise, une Cap-Bretonnaise, et j’ai passé toute ma jeunesse un peu partout au Cap-Breton.
I: J’aimerais savoir – qu’est-ce qui vous a fait décider de suivre une formation pour devenir infirmière? Pourquoi avez-vous pris cette décision?
HK: Oh, je voulais — je voulais gagner un peu d’argent et être autonome.
I: Mais, vous souvenez-vous pourquoi vous avez décidé d’aller outremer?
HK: Oh, bien, il y avait vraiment beaucoup de choses – dans toutes les collectivités ici, nous étions proches de la guerre, et tous nos hommes y sont allés… nous allions tout simplement là où nos hommes étaient. Nous voulions aller outremer pour les voir, et pour les aider. J’étais anesthésiste. Mon travail, c’est d’endormir les gens. Parce que j’avais obtenu une formation à Montréal. J’étais rattachée à l’hôpital Royal Victoria, et j’ai obtenu ma formation à cet endroit. Puis, j’étais très utile parce que, quand on allait outremer, il n’y avait pas de médecins pour administrer les anesthésiques. Les médecins étaient trop occupés à les soigner et à effectuer des interventions chirurgicales, et ils étaient très heureux d’avoir à proximité des gens pour administrer des anesthésiques. Et nous étions bien formées. Et nous étions précieuses.
I: Vous avez obtenu votre diplôme en 1916 – je vois que vous étiez de la promotion de 1916...
HK: En effet.
I: Vous avez donc dû traverser l’océan immédiatement après avoir obtenu votre diplôme, car vous êtes en France en 1917 selon ce que je vois ici.
HK: Oh, certes. Nous étions dans tout ça. Nous avons rapidement pris la mer. Nous observions ce qui se passait en Angleterre. Les Canadiens et les Britanniques ont construit des hôpitaux en France, puis nous y sommes allées pour y travailler. Les gens qui faisaient alors la guerre étaient emmenés directement à notre hôpital, et nous nous occupions d’eux. Mais c’était très compliqué de leur administrer des anesthésiques. Ils pouvaient se débattre comme des voleurs! Ils étaient forts et ils n’allaient pas se laisser soumettre. Nous avions habituellement deux ou trois préposés qui retenaient nos patients pendant que nous tentions de leur administrer des anesthésiques pour les endormir.
I: Je crois que le travail que vous avez fait durant la guerre est très excitant...
HK: Ah bien oui, évidemment, ce l’était. Et nous avons été chanceuses, très chanceuses de vivre cette expérience.